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08/02/2024
2 minutes
Ressources

Vie associative : les enseignements de l’éducation populaire

Comment faire vivre un collectif ? Comment structurer et animer un débat, faire émerger des solutions à un problème, libérer la parole de chacun pour donner naissance à des réponses qui profitent à tous ? Comment générer un consensus constructif, favoriser l’esprit critique en évitant les blocages pratiques et les impasses conceptuelles ? Toutes ces questions agitent de nombreuses structures qui nécessitent une participation collective pour fonctionner, mais aussi les acteurs politiques et socio-économiques qui doivent compter sur une conception partagée de la citoyenneté.

Ces questions sont aussi au centre de l’éducation populaire, qui tient une place singulière dans le paysage associatif français. Par son modèle d’apprentissage collectif et sa visée émancipatrice, l’éducation populaire a construit des méthodes de pédagogie actives, où les individus sont acteurs et moteurs de leur formation. À ce titre, elle peut servir d’inspiration à toute structure ou projet nécessitant la mise en place d’apprentissage et de participation collectifs. C’est tout le sens d’une nouvelle parution de l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (Injep) consacrée à l’actualité des méthodes, techniques et démarches se réclamant de l’éducation populaire.

L’outil au service de la démarche

La première partie de ce numéro des Cahiers de l’action regroupe des contributions de militants associatifs, professionnels de la formation et universitaires sur la place des outils dans les pratiques d’éducation populaire et les enseignements plus larges qu’on peut tirer de leur utilisation.  Il y est notamment question d’outils pour favoriser les échanges entre les personnes, avec un développement particulièrement complet sur le modèle du débat mouvant, qui favorise l’implication des participants dans une dynamique de groupe, mais aussi sur les interviews mutuelles, qui permettent de partir du vécu et de l’expérience pour analyser une situation, ou encore de l’arpentage, pratique de lecture collective pour faciliter l’assimilation de contenus théoriques complexes.

Des chapitres sont également consacrés à des outils au sens strict, comme le logiciel libre Bénévalibre, mis à disposition des associations pour les aider à valoriser le bénévolat, ou l’organisation ludique de l’association Starting-Block.

L’analyse de ces éléments n’occulte pas les limites de ces outils si l’on en fait une utilisation stricte et figée : « le risque est d’adopter une posture outilliste où l’on fétichise ces manières de faire au détriment de ce pour quoi on les utilise ». En d’autres termes, l’outil est moins important que son appropriation et ses potentielles adaptations à des besoins et publics spécifiques.

Le discours et la méthode

En ce sens, le document insiste sur l’importance de replacer les mécaniques utilisées dans un contexte, dans un discours global qui va définir la méthode adaptée : « il n’y a pas de méthodes d’éducation populaire, mais des démarches d’éducation populaire qui usent de méthodes et d’outils à même de nourrir un projet ».

C’est sur l’importance de ce projet que s’attarde la deuxième partie de la publication de l’Injep, concentrée sur la dimension émancipatrice de l’éducation populaire, avec des retours d’expérience et des analyses théoriques, notamment sur l’utilisation du numérique ou la prise en compte d’inégalités sociales et économiques au sein d’un groupe.

La contribution du chercheur en sociologie Nicolas Brusadelli revient par ailleurs sur la centralité de la dimension politique des méthodes d’éducation populaire. Si, en tant qu’outils d’animation, elles peuvent inspirer bien au-delà des frontières militantes, elles ont par nature une visée transformatrice dirigée vers l’intérêt collectif « en sortant ceux qui participent à ses activités d’une logique individuelle d’engagement pour les conduire vers une logique de production de communs interrogeant aussi bien ce qui est en partage que la manière de le faire ».

Sources