L’évaluation des associations sous tous les angles
L’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (Injep) a publié une étude particulièrement riche sur la notion d’évaluation des associations, qui passe en revue l’ensemble de la littérature récente publiée sur le sujet.
Ce document est révélateur de la vivacité de la recherche universitaire sur la question et, plus globalement, de la prédominance des enjeux de mesure des performances, de pertinence des analyses statistiques et d’amélioration continue par une reddition de comptes régulière. Le processus d’évaluation portant en lui-même un jugement, il devient sujet à controverse pour les structures associatives, porteur aussi bien d’opportunités que de risques.
L’étude de l’Injep replace l’évaluation des associations dans un contexte socio-historique et retrace son évolution depuis les années 1980. Elle met en évidence la transition entre deux logiques différentes : de la preuve d’une utilité sociale à la mesure d’impact social, le changement de modèle bouscule l’activité des associations, qui sont poussées à multiplier les indicateurs chiffrés pour justifier leur existence et prouver leur efficacité.
Par ailleurs, l’étude met en évidence la diversité des méthodologies d’évaluation et la variété des acteurs chargés de les mener. Si l’approche causale, qui cherche à assurer que les résultats obtenus sont bien attribuables aux actions menées, prédomine à l’heure actuelle, une approche systémique émerge : elle privilégie une analyse non linéaire qui replace les associations dans leur environnement, tient compte de leurs interactions avec différents acteurs de leurs écosystèmes et des dynamiques à l’œuvre dans leur environnement socio-économique.
Enfin, l’étude conclut son propos avec l’identification de plusieurs risques liés aux modalités d’évaluation associative actuellement dominantes : uniformisation des pratiques engendrant une banalisation de l’action associative et une limitation des réponses apportées à des besoins sociaux variés, instrumentalisation des associations par les pouvoirs publics pour restreindre leur champ d’action dans un cadre de commande publique et d’appels d’offres en lieu et place de subventions, et, par conséquent, limitation de la capacité d’innovation sociale des associations pour définir de nouvelles réponses aux besoins émergents, ou encore rapprochement croissant des discours et des pratiques entre secteur non lucratif et secteur marchand.