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22/05/2025
2 minutes
Rapports et études

Encadrement sportif : les femmes sur la touche ?

Il faut saluer les signaux faibles : une parité stricte parmi les athlètes qualifiés pour les Jeux olympiques et paralympiques (JOP) de Paris 2024, puis l’élection de Kirsty Coventry à la présidence du Comité international olympique (CIO), première femme à la tête de cette institution. Mais force est de constater que le chemin est encore long pour enrayer les inégalités qui sévissent en matière de représentation féminine dans les instances dirigeantes et les postes clés du sport.

C’est précisément ce que documente le dernier rapport du Haut-Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE) qui s’est intéressé à la parité au sein de la gouvernance et des métiers de l’encadrement sportif, une facette du sport jusqu’alors peu mise en lumière. Et c’est en s’intéressant aux causes profondes de ces inégalités persistantes – qui sont à la fois le fruit de dysfonctionnements systémiques et d’agissements conjoncturels – que le rapport permet de toucher du doigt l’ampleur des obstacles à la féminisation du sport en France, en particulier dans les hautes fonctions et dans certains domaines sportifs phagocytés par les hommes.

Où sont les femmes ?

En effet, le rapport rappelle que la pratique sportive des femmes progresse, mais reste freinée dans le sport fédéral, là où les places sont les plus prisées. En 2024, les femmes représentaient 34 % des dirigeants de structures sportives et 33 % des encadrants dans les disciplines fédérales de haut niveau. C’est ainsi qu’elles se retrouvent davantage dans des rôles d’engagement que de représentation ou de décision.

Même constat lorsqu’il s’agit d’étudier les parcours universitaires : dans les formations en sciences et techniques des activités physiques et sportives (Staps), les femmes représentent seulement 32 % des étudiantes, et certaines matières leur sont assez fermées – notamment la filière de l’entraînement sportif.

Alors, comment le monde du sport a-t-il pu en arriver là, à mettre sur le banc de touche tout une partie de la population, pourtant impliquée à égalité dans le rayonnement de l’esprit sportif ?

Une désertion aux causes multiples

Les causes sont multiples : un déficit de modèles féminins dans certains postes et filières, la persistance de la valorisation d’un idéal de virilité, une médiatisation insuffisante des sports dits féminins et des performances féminines, des financements qui font le grand écart, le poison des violences sexistes et sexuelles et des stéréotypes de genre sur la participation et l’engagement des femmes dans le sport, ou encore l’existence de freins multiples à l’accès des métiers du sport (accès inégalitaire au concours, reconversion difficile, etc.). Pour tenter d’instaurer une « culture de l’égalité », le HCE demande des moyens et une stratégie ambitieuse afin d’assurer une féminisation durable, notamment dans des métiers de l’encadrement sportif et au sein de la gouvernance.

Un plan d’attaque complet

Il a ainsi formulé 40 recommandations, sous différents chapitres, qu’il adresse tour à tour aux ministères, à l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom), aux professeurs d’université, aux services départementaux à la jeunesse, à l’engagement et aux sports, aux entreprises, aux collectivités territoriales, au gouvernement. Parmi celles-ci, on retrouve notamment l’instauration de coprésidences mixtes des fédérations sportives nationales agréées, y compris dans les commissions de travail et les ligues professionnelles, et l’invalidation des décisions prises dans ces instances qui ne seraient pas paritaires, ou encore le conditionnement de plusieurs aides et documents (subventions publiques, renouvellement quinquennal de la charte professionnelle des éducateurs sportifs, etc.) à certains critères sexo-spécifiques. En espérant qu’il s’agisse d’une passe décisive pour les instances du sport.

Noélie Coudurier

Sources