
Egalité femme/homme : pilotage défaillant pour une grande cause nationale
Désignée « grande cause nationale » par le Président Emmanuel Macron lors de ses deux quinquennats, l’égalité entre les femmes et les hommes reste pourtant en quête d’avancées significatives. La Cour des comptes, dans un nouveau rapport thématique, constate en effet les insuffisances des dispositifs déployés par le gouvernement.
Pourtant, les origines des inégalités sont bien identifiées : la famille demeure « le premier vecteur de stéréotypes de genre », et l’école, dans son rôle de formation et d’orientation, a un rôle prépondérant à jouer pour enrayer l’installation de préjugés sexistes et de parcours genrés qui se répercutent dans les sphères économiques, professionnelles et sociales. La Cour rappelle ainsi certains fondamentaux déjà établis par ailleurs (v. JA 2024, n° 693, p. 9).
Elle ajoute à ces éléments une évaluation des politiques publiques menées au cours des dernières années, et si le rapport relève « des inégalités qui se réduisent lentement », il déplore des actions dispersées, « parfois redondantes », qui souffrent « de la faiblesse du cadre stratégique, des défaillances du pilotage et d’un manque de coordination des données statistiques ». Ainsi, l’augmentation des moyens consacrés à la cause est qualifiée de « trompe-l’œil », résultant avant tout d’une « volonté d’affichage », avec un portage politique défaillant.
L’analyse de la Cour des comptes révèle les limites du pilotage interministériel, en manque de coordination. L’action publique, coincée entre « incitations parfois incantatoires et sanctions difficiles à mettre en œuvre », peine à afficher des avancées marquantes. L’exemple des index de l’égalité professionnelle est à ce titre évocateur : une logique d’affichage chiffrée réductrice qui « tend à invisibiliser les inégalités réelles […] et n’implique pas nécessairement les pratiques les plus vertueuses ».
Thomas Giraud