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04/07/2024
2 minutes
Financement

La générosité résiste et se transforme  

Alors que la question du financement des associations se pose avec une urgence préoccupante, toutes les ressources disponibles prennent une importance capitale. Comptant parmi les piliers du soutien à la vie associative, la générosité pâtit-elle des évolutions du contexte socio-économique ?

La parution d’une nouvelle édition du « Baromètre de la générosité » apporte des éléments de réponse. Cette étude annuelle initiée par France générosités analyse les données de la collecte de dons des particuliers de 56 associations depuis 2004. Pour mieux représenter les dynamiques globales de la générosité, elle ne tient pas compte des dons exceptionnels supérieurs à 250 000 euros, des dons sur appel d’urgence et des legs.

La générosité en progression ? 

Premier constat rassurant, les dons des particuliers ont progressé de 2,1 % en 2023 par rapport à 2022. Cette dynamique à la hausse est continue depuis l’année 2019 et démontre une résistance remarquable de la générosité face aux crises sanitaires, économiques et sociales traversées ces dernières années. Pourtant, cette hausse se base sur les montants en euros courants. Or, compte tenu de l’inflation particulièrement marquée en 2023, les dons sont en baisse de 2,4 % en euros constants, évalués sur la base de l’indice des prix fourni par l’Insee.

Cette forte inflation semble également avoir des conséquences sur la structuration des dons puisque les dons ponctuels de moins de 50 euros connaissent une baisse de 8,1 %. Cette diminution marquée est une étape supplémentaire dans un changement de la sociologie du don : la générosité est ainsi de plus en plus portée par les ménages les plus aisés, les dons de moins de 150 euros représentant seulement 42 % de la collecte en 2023, contre 72 % en 2004.

Par ailleurs, le nombre de nouveaux donateurs « est en baisse historique depuis 10 ans », et la relative stabilité de l’année 2023 ne compense pas la baisse de 12,4 % du nombre de donateurs recrutés par organisation entre 2012 et 2023.

Modes de collecte et périodicité

Les dons récoltés par un canal numérique poursuivent leur progression, avec une nouvelle hausse de 12,3 % par rapport à 2022. Les dons en ligne représentent ainsi 30 % de la collecte en 2023, contre 20 % seulement en 2019.

Les dons par prélèvement automatique sont eux aussi en progression et prennent une importance prépondérante : avec une augmentation de 4,3 % en 2023, la part de dons réguliers par prélèvement automatique représente 45 % de la collecte, contre seulement 16 % en 2004. Cette croissance témoigne d’un rapport de confiance qui s’installe sur le long terme entre les donateurs et les associations concernées, qui peuvent mieux anticiper leurs actions avec des apports réguliers.

Pour autant, malgré cette fidélisation grandissante des donateurs, certaines périodes de dons ponctuels restent essentielles : le dernier trimestre de l’année concentre 41 % des dons, dont la moitié pour le seul mois de décembre.

À propos des situations d’urgence

Si les collectes d’urgence médiatisées sont écartées de l’analyse globale afin de « neutraliser les épiphénomènes et pouvoir ainsi mesurer les évolutions structurelles de la collecte », l’étude propose une section dédiée pour rendre compte de leur part importante dans la mobilisation des dons, qui se renouvelle d’année en année : en 2023, les dons consacrés pour venir en aide aux victimes de séismes en Turquie, en Syrie et au Maroc ont représenté 4,4 % de la collecte totale, un niveau semblable par rapport à la collecte d’urgence pour l’Ukraine en 2022 (4,6 %), sans atteindre celle consacrée au Covid-19 en 2020 (5,6 %).

Thomas Giraud

Sources