Par des signaux qualitatifs et quantitatifs, la dernière enquête sur la France bénévole – menée pour le compte de Recherches & Solidarités et Coalta Formation et complétée d’un baromètre d’opinion auprès de plus de 20 000 bénévoles associatifs – démontre que les Françaises et Français répondent toujours présent aux appels du monde associatif. 11 % de la population donne du temps à une association, un chiffre en hausse par rapport aux deux années précédentes et plus encourageant encore que la période qui a précédé la crise sanitaire.
Cette 20e édition a surtout permis de s’attarder sur deux axes majeurs : celui du bénévolat régulier et celui de la « fracture associative » qui s’opère selon le niveau de diplôme.
L’engagement régulier talonne le ponctuel
Par bénévoles réguliers, il faut entendre ces femmes et ces hommes qui consacrent quelques heures chaque semaine ou chaque mois, ou tout au long de l’année, à une structure associative. Seule l’intensité varie, mais leur engagement est invariable.
Ce sont environ 20 % des 15-64 ans et 25 % des 65-75 ans qui sont prêts à s’investir à l’année. L’engagement hebdomadaire est quant à lui surtout à rechercher du côté des 50-59 ans. Notons également que les moins de 35 ans et les moins de 65 ans retrouvent progressivement le chemin de l’engagement associatif, avec un vrai regain d’intérêt pour la tranche d’âge 50-64 ans.
Ces données sont donc là pour encourager les associations à poursuivre leurs efforts en faveur d’un engagement sur le plus long terme, à cultiver plutôt qu’à prendre pour acquis. D’ailleurs, l’étude note que les structures qui profitent le plus de ces nouveaux visages réguliers sont celles qui ont choisi d’investir dans ce type d’engagement : en proposant des accompagnements spécifiques ou des facilités d’engagement en fonction des rythmes de vie, en soignant le lien humain, en énonçant clairement les missions, etc. Pour Cécile Bazin, déléguée générale de Recherches & Solidarités, « cette reprise du bénévolat régulier est très encourageante. C’est pour partie le fruit d’actions d’adaptation et de remise en question menées par les associations, et par les citoyens d’une recherche d’engagement dans la durée qui fasse sens. Cela remet en question les préjugés que nous avions, c’est une excellente nouvelle ».
Une « fracture » qui se panse une fois franchi le seuil de l’adhésion
La préoccupation liée à la « fracture associative » – c’est-à-dire à l’inquiétude de ne voir que les plus diplômés rejoindre les rangs des bénévoles associatifs – était au centre de l’attention. En effet, il a été démontré que le taux d’adhésion est en corrélation avec le dernier diplôme obtenu : 32 % pour celles et ceux qui n’ont aucun diplôme ou niveau CAP/BEP, tandis que cela grimpe à 57 % pour celles et ceux qui ont un niveau supérieur à bac +2.
Si l’engagement régulier hebdomadaire s’exerce de façon plutôt équilibrée quel que soit le niveau de diplôme, celui à l’année est en revanche plus significatif chez les personnes diplômées.
L’enquête est cependant prometteuse sur un point : dès lors que les personnes prennent leur adhésion – parce qu’elles y ont été incitées par un prix libre, par un parrainage, par une gratuité temporaire, etc. –, les personnes les moins diplômées sont alors plus enclines à s’engager que les personnes les plus diplômées.
En d’autres termes, à partir du moment où tout est mis en place par la structure associative pour faciliter l’entrée dans l’association, pour se montrer inclusive, les personnes qui étaient jusqu’alors plus en marge trouvent dans l’engagement associatif un lieu où cultiver de nouvelles relations sociales, où se forger de nouvelles compétences, où ressentir de la passion, du plaisir et où faire profiter de leur générosité, voire où obtenir de la reconnaissance sociale.
Plus globalement, l’engagement bénévole trouve racine dans des cobénéfices, envers soi et envers les autres. Mais il est aussi fragile et peut être porteur de déceptions, comme le manque de moyens financiers, matériels et humains pour mener les actions, le manque d’impact ressenti ou les freins internes. Une ligne de crête pas toujours facile à trouver pour les associations, mais prometteuse pour la suite.
Noélie Coudurier