Alors que les débats sur le budget de l’État cristallisent les tensions et font grandir les incertitudes, quelle est la situation financière des associations ?
En mars 2025, Le Mouvement associatif, le Réseau national des maisons des associations (RNMA) et Hexopée, avec l’appui de l’Observatoire régional des Hauts-de-France, de la Fédération des centres sociaux et socioculturels de France (FCSF) et de France Active, ont lancé une grande enquête nationale sur la santé financière des associations.
Un nouveau volet de cette enquête a récemment été publié pour actualiser les données et mieux comprendre les besoins financiers du tissu associatif français.
Des fonds qui s’amenuisent
« Ça ne tient plus ! » : tel était le mot d’ordre de la mobilisation associative qui a largement rassemblé autour de 350 actions le 11 octobre dernier pour alerter sur la situation critique du secteur. En effet, les tendances observées dans le premier volet de l’étude se confirment et la fragilité des associations continue d’inquiéter.
Ce constat est particulièrement frappant pour les associations employeuses : près de 70 % d’entre elles déclarent que le montant de leurs fonds propres reste fragile ou nul. Elles sont 61 % à disposer de moins de six mois de trésorerie, dont 25 % ont moins de trois mois et 5 % n’ont aucune trésorerie disponible. Ces 5 % d’associations employeuses sans trésorerie représentent à elles seules 7 500 structures, soit près de 90 000 emplois directement menacés.
Cette vulnérabilité a déjà des conséquences réelles : près d’une association sur quatre a dû réduire ses activités, 40 % déclarent réduire leur masse salariale, 9 % ont engagé des licenciements ou des plans de sauvegarde.
Des financements publics qui chutent
La baisse des financements publics se confirme également : 58 % des associations employeuses voient leurs financements publics diminuer et près d’une sur cinq subit une baisse supérieure à 20 %, voire une suppression pure et simple. Un quart des associations sans salarié sont également concernées.
Cette baisse se traduit à tous les niveaux de collectivités : les associations employeuses déplorent une baisse de 53 % des financements des départements, de 50 % pour ceux de l’État, de 44 % de ceux des régions, de 45 % des fonds issus de la politique de la ville.
Les communes semblent plus enclines à maintenir leurs subventions, notamment pour préserver le lien social de proximité : seules 26 % des associations relèvent une baisse de leurs financements municipaux.
Au-delà des chiffres
Les indicateurs statistiques sont révélateurs d’une réalité chiffrée déjà préoccupante, mais la synthèse des témoignages des dirigeants interrogés donne une perspective plus émotionnelle à cette détresse : épuisement des équipes, difficultés de recrutement et de renouvellement bénévole, relations institutionnelles dégradées, lourdeurs administratives, manque de visibilité et de reconnaissance, isolement croissant, affaiblissement des coopérations locales, mise en concurrence entre structures…
Pour autant, ces témoignages dévoilent aussi des signes de résilience et d’adaptation : innovations, mutualisations et solidarité entre acteurs. Une note positive en forme de motif d’espoir ?
Thomas Giraud