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À court de solutions, les poches des associations se vident

Prendre un peu de hauteur sur l’état des finances des associations et les palliatifs qu’elles déploient : voilà ce que propose la dernière étude du Mouvement associatif, d’Hexopée et du Réseau national des maisons des associations (RNMA), menée auprès de plus de 5 000 structures. Et apparemment, il était temps d’avoir une vue d’ensemble sur leur santé financière tant les associations touchées et les ondes de choc successives qu’elles ont dû absorber (sanitaire, inflationniste, engagement, budgétaire, etc.) sont nombreuses.

Le retard du vote du budget a sans doute été le point d’orgue de cette séquence malheureuse : les réponses aux demandes de subventions tardent à arriver et obligent les associations à avancer près de 50 % de leur budget annuel, quand elles n’essuient pas, tout bonnement, un refus ou une forte baisse de leur subvention. Mais cela met en lumière un équilibre financier déjà bien fragile. En effet, les associations françaises doivent aussi composer avec des arbitrages de l’État et des collectivités locales qui laissent parfois dubitatifs, avec un fonctionnement par appels à projets qui oblige à du travail au coup par coup – dans une quête perpétuelle et sans cohérence avec leur plan stratégique sur le long terme –, avec la perte des emplois aidés, avec une évolution des modes de financement et, plus globalement, avec une part de subventions dans les ressources des associations qui a baissé de 41 % entre 2005 et 2020 (M. Bobel et D. Joseph, « Renforcer le financement des associations : une urgence démocratique », CESE, 28 mai 2024).

Des associations asphyxiées

Dans l’objectif d’obtenir des données actualisées de l’impact des baisses de financement sur l’écosystème associatif, l’étude nous apprend que les associations se démènent pour trouver des alternatives, mais flirtent de plus en plus avec la ligne rouge. 31 % des associations employeuses répondantes (et 19 % des non-employeuses) affirment pouvoir couvrir moins de trois mois d’exploitation grâce à leur trésorerie (6 % n’ont aucune réserve). Ce sont les associations des secteurs de l’éducation, de la formation et de l’insertion qui ont pour l’instant le moins de visibilité sur leur trésorerie.

Dès à présent, les associations trouvent des subterfuges, avec plus ou moins de succès : 28 % déclarent revoir leurs activités, 22 % vont jusqu’à annuler certaines actions – y compris celles qui passent par le bénévolat –, 15 % augmentent la participation financière des usagers – même si cela va à l’encontre de leur objet social.

Pour l’avenir, nombreuses sont les structures à se sentir désemparées : 38 % des associations employeuses se déclarent sans solution, tandis que d’autres explorent la négociation (68 %) ou l’emprunt bancaire (35 %). La réduction de la masse salariale par le non-remplacement de départs ou le report de recrutements et le licenciement sont aussi des possibilités qu’envisagent certaines associations.

Aider les associations pour renforcer le ciment démocratique

Les solutions existent pourtant. L’étude en rappelle quelques-unes, comme la simplification des démarches bancaires avec des outils adaptés au monde associatif, le renforcement des acteurs de l’accompagnement, une meilleure visibilité financière ou encore l’adoption d’une fiscalité plus favorable aux associations.

Gageons que les déclarations du Premier ministre sur le rôle des associations en tant que « tissu qui permet à la société de tenir » soient suivies d’engagements rapides et fermes. Car l’enquête conclut en alertant sur le fait que les capacités de résilience des associations ont désormais été franchies.

Noélie Coudurier