Quel bilan pour le plan Pauvreté ?
L’année 2022 marque le terme de la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté 2018-2022, souvent appelée « plan Pauvreté ». Cette échéance représente, pour son comité d’évaluation, l’opportunité de publier son troisième rapport annuel, qui prend la forme d’un bilan global sur le déploiement de cette stratégie.
Ce document rappelle la situation préoccupante de la France avec les derniers chiffres officiels connus : en 2019, ce sont 9,2 millions de personnes qui vivent en situation de pauvreté monétaire, soit 14,6% de la population. Le comité d’évaluation estime que ces chiffres n’ont pas connu de réelle évolution, mais que sans les mesures d’urgence mises en place lors de la crise sanitaire, « le taux de pauvreté monétaire aurait été de 0,5 point supérieur ».
Ces mesures d’urgence expliquent aussi que ce sont 13,1 milliards d’euros qui ont été dépensés entre 2019 et 2021, alors que le plan prévoyait une dépense de 8 milliards d’euros sur l’ensemble de la période 2018-2022.
Malgré ces investissements, le rapport mentionne à plusieurs reprises la difficulté à évaluer l’efficacité du plan sur ses objectifs initiaux et ses effets au vu des données disponibles. Le rapport propose donc de détailler l’état d’avancement des 35 mesures prévues par la stratégie et dresse un bilan plutôt mitigé. Seules 4 mesures ont été entièrement mises en place : la revalorisation de la prime d’activité, la complémentaire santé solidaire, son renouvellement pour les bénéficiaires du RSA et le déploiement des points conseil budget (PCB).
Le rapport pointe également des lacunes dans le pilotage et le suivi de la contractualisation avec les collectivités, ainsi qu’une absence d’amélioration des indicateurs relatifs à la petite enfance et l’éducation. Il recommande donc de favoriser l’accès à l’enseignement supérieur des jeunes précaires, mais aussi d’intensifier la lutte contre le non-recours aux prestations sociales et la mise en place rapide du revenu universel d’activité.