Évolutions et recompositions du bénévolat associatif
L’association Recherches & Solidarités a publié une nouvelle édition de son enquête « Les Français et le bénévolat », réalisée en partenariat avec l’Ifop auprès d’un échantillon représentatif de plus de 3 000 Français de 15 ans et plus, interrogés en janvier 2023. Menée un an après la précédente, elle marque une rupture dans le calendrier de publication habituel d’une étude tous les trois ans, justifiée par l’examen du caractère conjoncturel des résultats observés après deux ans de crise sanitaire.
En termes d’engagement sous toutes ses formes, la population française se divise en trois segments : 38 % des Français donnent du temps aujourd’hui, 24 % ont donné du temps mais ne le font plus à l’heure actuelle, et 38 % n’ont jamais donné de temps. Ils sont 22,8 % à être bénévoles au sein d’une association et 15,7 % à être engagés uniquement au sein d’associations, sans engagement hors organisation ou auprès d’autres types d’organisation.
Ce chiffre signale une remontée des activités bénévoles au sein d’associations, qui était passée de 24 % à 20 % entre 2019 et 2022. Les études précédentes avaient en effet relevé qu’au cours de la crise sanitaire, 27 % des bénévoles avaient cessé leur engagement, une baisse qui n’a pas été compensée par les 9 % de Français qui ont décidé de s’engager du fait de la crise.
Ce regain de forme du bénévolat associatif s’accompagne d’une recomposition des groupes de bénévoles, avec certaines évolutions significatives : la part du bénévolat ponctuel reste prépondérante, la part des hommes bénévoles est en baisse, et si la part des 15-54 ans connaît une hausse remarquable, la baisse du nombre de bénévoles de 65 ans et plus connaît une baisse continue depuis 2010.
Cette dernière tendance est sur la durée la plus inquiétante, tant l’activité bénévole des 65 ans et plus représente un pilier pour de nombreuses associations. Isabelle Persoz, déléguée générale de Tous bénévoles, l’analyse en ces termes : « Les bénévoles de 65 ans et plus ont été secoués par la crise du Covid-19. D’autre part, cette génération est celle à laquelle on demande de “combler tous les trous” : s’occuper de leurs parents qui vieillissent, garder leurs petits-enfants car les jeunes générations sont moins aidées financièrement par l’État que les générations précédentes, éventuellement travailler encore. »
Ce dernier constat est à mettre en lien avec les alertes de nombreuses associations sur le potentiel impact de la réforme des retraites sur le bénévolat.