Contrat d’engagement jeune : un anniversaire en demi-teinte
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Depuis le 1er mars 2022, le contrat d’engagement jeune (CEJ) remplace la garantie jeunes. Si l’objectif demeure le même – permettre aux jeunes sans emploi ni formation, qui sont prêts à s’engager, de trouver un emploi durable –, le dispositif ne fait pas autant l’unanimité que la garantie jeunes.
Un bilan positif pour certains…
Plus de 300 000 jeunes seraient entrés en CEJ en moins d’un an (de mars à fin janvier 2023) d’après le ministère du Travail, qui souligne que le CEJ « bénéficie d’une dynamique très positive qui témoigne d’un fort engagement des missions locales et de Pôle emploi ».
Quelques chiffres clés. Au 31 janvier 2023, 301 725 jeunes ont signé un CEJ : 113 010 à Pôle emploi et 188 715 auprès des missions locales. Les jeunes de 18 à 21 ans représentent plus de la moitié des jeunes accompagnés (54 %), suivis par les 22 à 25 ans (33,3 %). Parmi tous ces jeunes, 47,6 % sont des femmes, 18,3 % résident en quartier prioritaire de la ville (QPV) et 12,7 % en zone de revitalisation rurale (ZRR).
Des premiers résultats encourageants. Dans le cadre de leur accompagnement, les jeunes peuvent bénéficier, selon leurs besoins, d’activités dites structurantes, telles qu’une formation (pour 67,2 %), un service civique (10,1 %), un accompagnement spécifique (EPIDE, École de la 2e chance, service militaire) ou une période d’emploi aidé (insertion par l’activité économique, contrats aidés, etc.). Parmi les jeunes entrés en CEJ en mars 2022, 76 % ont accédé à un emploi dans les neuf mois qui ont suivi l’entrée, 63 % ont accédé à un emploi d’un mois ou plus, et 43 % à un emploi durable. 89 % des jeunes sont « très satisfaits » de leur parcours personnalisé. Le fait que le conseiller s’engage avec le jeune dans le parcours satisfait 56 % des jeunes, ainsi que la possibilité de percevoir une allocation (55 %), d’accéder rapidement à un emploi (48 %) ou une formation (46 %).
Les missions locales, par la voix de leur Union nationale (UNML), ont indiqué avoir accompagné 210 517 jeunes en un an de CEJ. Cette réussite serait en partie due à l’attractivité du contrat pour les jeunes, 54 % d’entre eux étant venus spontanément. L’accompagnement est également apprécié, huit jeunes sur dix engagés ou ayant été engagés dans un CEJ s’estimant satisfaits ou très satisfaits par le parcours proposé.
… à nuancer pour d’autres
Remontées de terrain. Pour le syndicat FO des missions locales, le CEJ est « un pansement sur une jambe de bois » : sa durée est insuffisante (six mois, douze au mieux) pour permettre l’émergence d’un projet individuel, une orientation et une insertion pérenne. En outre, son contenu serait lié à l’injonction et au contrôle, « bien loin des besoins des jeunes et du cœur de métier des missions locales ». En résumé, « le réel objectif du déploiement du CEJ est de préparer l’arrivée d’un nouveau système, dans lequel l’insertion et l’emploi s’effacent au profit d’un contrôle du travail et de l’activité. » FO maintient donc ses revendications, à savoir le retour à des financements non liés à des objectifs, à une libre adhésion pour les jeunes et à un accompagnement global sans contrepartie.
Cela n’est pas sans rappeler le rapport d’étape du Conseil d’orientation des politiques de jeunesse (COJ) qui livre ses premières analyses sur la mise en œuvre du CEJ en s’appuyant sur les remontées de terrain des opérateurs et des acteurs du dispositif.
CEJ et contrats aidés. L’aide à l’embauche des jeunes (AEJ) mise en place dans le cadre du plan #1jeune1solution a permis d’améliorer les perspectives d’insertion des jeunes sur le marché du travail ou, du moins, d’éviter que la situation ne se dégrade davantage. Cependant, les jeunes de 2020 finiront par sortir des dispositifs pour les jeunes et ceux qui ne sont pas insérés ne doivent pas rester sur la touche. Or, les budgets alloués aux autres contrats aidés se réduisent d’année en année. Les quatre fédérations de la branche de l’aide, de l’accompagnement, des soins et des services à domicile demandent la poursuite des dispositifs indispensables à l’emploi associatif, pour maintenir au domicile les personnes aidées dans de bonnes conditions et pour le bon équilibre financier des structures.