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Comment évaluer l’action associative ?
16/06/2022
2 minutes
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Comment évaluer l’action associative ?

Un nouveau rapport analyse les spécificités associatives et formule des pistes pour généraliser l’évaluation de l’action associative, notamment avec des éléments de mesure de l’impact social.

Ce rapport résulte d’une demande de Sarah El Haïry, secrétaire d’État chargée de la jeunesse et de l’engagement, dont la lettre de mission évoque la volonté d’installer une « culture de l’évaluation » au sein du monde associatif en France et de déterminer les cadres et outils de mesure nécessaires à l’harmonisation des méthodes d’évaluation pour « mieux rendre compte de la mise en œuvre et des effets » de l’activité associative et « réaliser un suivi de l’efficacité et de l’efficience des deniers publics ».

Cette mission a été confiée à Suzanne Chami, déléguée générale de l’Institut de développement de l’éthique et de l’action pour la solidarité (Ideas), Philippe Bolo, député du Maine-et-Loire, Bernard Bazillon, directeur national économie sociale et solidaire de KPMG France, et Philippe Da Costa, président de la Croix-Rouge française et président du conseil scientifique et d’orientation de l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (Injep). Pour mener cette mission, ils se sont appuyés sur l’audition de nombreux acteurs du monde associatif et de la recherche universitaire ainsi que sur une enquête envoyée aux réseaux du Mouvement associatif, de l’Institut IDEAS et de KPMG, qui a récolté 115 réponses.

Cette première mesure d’opinion révèle des avis unanimes sur l’utilité de l’évaluation : 94 % des répondants estiment qu’il faut développer la pratique de l’évaluation de l’activité associative, 91% estiment que les évaluations mobilisent leurs salariés et 86% jugent qu’elles influencent les financeurs.

Si cette enquête constitue une base pour appuyer la légitimité de l’objet du rapport, l’analyse plus détaillée issue d’auditions aux questions plus ouvertes révèle un constat plus nuancé. En effet, les évaluations menées au sein des associations résultent souvent d’une injonction de leurs financeurs, dans une logique de contrôle, entraînant un « risque de dévoiement de l’initiative associative par l’intervention publique », et se heurtent aux particularités du secteur, notamment aux contours du principe de liberté associative ou encore à la quantité d’actions d’utilité sociale dont les résultats échappent à des données quantifiables.

Pourtant, la contractualisation croissante des relations entre pouvoirs publics et associations implique la définition d’objectifs et donc d’indicateurs de mesure communs. Dans ce contexte, une harmonisation des pratiques d’évaluation apparaît comme un chantier nécessaire pour plus d’efficacité et d’équité.

Le rapport reprend à son compte la notion d’impact social, soit la capacité à définir un besoin et à y répondre, et en fait un indicateur à part entière dans ses recommandations. Le champ d’évaluation évoqué suit donc le cycle suivant : expression d’un besoin et évaluation de sa pertinence, objectifs de l’action prévue en réponse au besoin et évaluation de leur cohérence interne et externe, moyens mis en œuvre pour mener l’action dont l’efficacité sera évaluée en fonction des résultats obtenus par la mise en œuvre de l’action et ses impacts sociaux.

Les conditions pour en faire un outil de mesure efficace sont analysées, notamment la nécessité de mobiliser l’ensemble des parties prenantes dans le développement de l’évaluation associative et dans la construction d’un référentiel commun pour éviter d’en faire une contrainte imposée par l’État et pour entériner une démarche qui « permet de révéler la valeur créée par les associations ».

Sources